Dans la peau d’une Japonaise

Publié le par Juliette Amans

 

 

Voilà près d’une demi heure qu’elle tourne autour de moi. Son visage arrive au niveau de mes seins, elle passe sous mes bras, passe et repasse encore, tire sur les lanières, lisse le tissu.

Ce petit bout de femme, dont je n’arrive pas à savoir le nom, s’applique. Sur son front, des rides de concentration. Le dialogue est difficile, elle me sourit.

Le tissu est frais sur ma peau, ma taille est serrée, je m’efforce me tenir droite, les pieds collés.



 

Voilà près d’une demi-heure qu’elle tourne autour de moi. Quand je suis entrée dans le petit salon, au sol des tatamis, aux murs des kimonos accrochés, je me suis sentie toute petite. Comme une petite fille qui ouvre en cachette une penderie pleine de robes toutes plus belles les unes que les autres. Des robes qui la font rêver.
Moi, ce sont les kimonos qui me font rêver. Et là, j’ai le droit, la chance, de choisir celui que je veux, pour l’essayer.
Mes yeux ne savent où se poser, mes mains osent à peine effleurer les tissus. Je m’approche. J’hésite. Celui-là ? Non celui-là. Ou plutôt celui-ci ? Comment choisir ?...

Ce sera finalement celui-ci, en soie jaune pâle, sobrement décoré de quelques fleurs.




Voilà près d’une demi heure qu’elle tourne autour de moi. Tellement d’étapes que je n’arrive plus à les compter. D’abord, les chaussettes, et le sous kimono en coton léger blanc. Puis le faux col, blanc lui aussi.
Le bas, ajusté de longues minutes, afin qu’il effleure tout juste mes pieds. Mes pieds bien serrés, bien sages.
Le haut, ensuite, savamment positionné. Puis les sous obis. Et enfin, le voilà, l’objet de mes rêves, tant attendu, tant observé. Le obi, cette large ceinture japonaise qui va avec tout kimono. Celui-ci est ravissant, délicat, brillant, sans  être clinquant.

La femme l’ajuste, hésite, recommence depuis le début. Cela semble enfin la satisfaire. Une petite cordelette rose par-dessus, un tissu rose par-dessous, pour rehausser le tout.



 

Après une demi heure à tourner autour de moi, elle me fait signe de me diriger vers le miroir…

Un large sourire ému aux lèvres, une impatience contenue et une curiosité toute enfantine, me voilà dans la peau d’une Japonaise.


 

Publié dans Carnet de route

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C
ENORME !!!!!!!!
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J
Heyyyyyyy !!! Toute mimi la Juliette avec ra jolie robe japonnaise   ;-)   .J'espère que tout se passe bien en Mongolie.Gros bisous.Juju.
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A
ma juju tu es toute belle. ai perdu ton email renvoie le moi si tu as le temps entre deux périples; bisous
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